Portrait de la duchesse de Polignac, par Elisabeth Vigée Le Brun
J'étais jeune alors ; elle venait de se lever, dans un négligé blanc comme la neige...
Dans le simple appareil, D'une beauté qu'on vient d'arracher au sommeil.
Elle avait une rose dans les cheveux, et se trouvait placée devant une glace qui, en réfléchissant ses traits, en doublait pour ainsi dire le charme.
Je m'en souviens encore très vivement ; ce qui me frappa le plus, c'était l'idée que je voyais devant moi une princesse qui se préparait à jouer le rôle d'une bergère sur un théâtre d'amateur, et cela dans la plus grande perfection. En même temps, je me disais en moi-même : si elle boitait un peu, elle aurait beaucoup de ressemblance avec la duchesse de La Vallière, bien que n'ayant pas, quoique plus belle, un air aussi tendre, ni aussi languissant.
Il est assez singulier que la première et vive impression que fit alors sur moi la comtesse de Polignac, n'ait eu aucune durée; je l'ai vue dans la suite plusieurs fois, sans être touché de sa beauté ; mais je le fus toujours de son maintien enchanteur.
Sa démarche portait l'empreinte d'un abandon séduisant, qui la distinguait d'une manière particulière des autres femmes de la cour, qui n'avaient que le remuant de l'orgueil et de la vanité. (...)
L'amitié de la reine pour la comtesse de Polignac ne se soutint pas toujours à la même hauteur ; elle ressemblait cependant à une belle journée, mais qui n'était pas sans nuages ni sans variations, et qui finissait toujours par une belle soirée.
La duchesse de Fitz-James et la princesse de Tarente ont été aussi pendant quelques temps favorites de la reine. Il y eut même un temps où elles furent mieux traitées que la comtesse de Polignac.
On aurait pu en conclure que la reine n'était plus si ardente en amitié.
Mais ici le lien avait trop passé en habitude, il avait enlacé les deux coeurs trop étroitement pour que de petites interruptions pussent le relâcher et amener le triomphe des ennemis des Polignac.
Cette constance faisait honneur à toutes les deux, autant à la reine qu'à son amie.
Mémoires pour servir à l'histoire des moeurs de la fin du XVIIIè siécle, par le comte Alexandre de Tilly.
Dans le simple appareil, D'une beauté qu'on vient d'arracher au sommeil.
Elle avait une rose dans les cheveux, et se trouvait placée devant une glace qui, en réfléchissant ses traits, en doublait pour ainsi dire le charme.
Je m'en souviens encore très vivement ; ce qui me frappa le plus, c'était l'idée que je voyais devant moi une princesse qui se préparait à jouer le rôle d'une bergère sur un théâtre d'amateur, et cela dans la plus grande perfection. En même temps, je me disais en moi-même : si elle boitait un peu, elle aurait beaucoup de ressemblance avec la duchesse de La Vallière, bien que n'ayant pas, quoique plus belle, un air aussi tendre, ni aussi languissant.
Il est assez singulier que la première et vive impression que fit alors sur moi la comtesse de Polignac, n'ait eu aucune durée; je l'ai vue dans la suite plusieurs fois, sans être touché de sa beauté ; mais je le fus toujours de son maintien enchanteur.
Sa démarche portait l'empreinte d'un abandon séduisant, qui la distinguait d'une manière particulière des autres femmes de la cour, qui n'avaient que le remuant de l'orgueil et de la vanité. (...)
L'amitié de la reine pour la comtesse de Polignac ne se soutint pas toujours à la même hauteur ; elle ressemblait cependant à une belle journée, mais qui n'était pas sans nuages ni sans variations, et qui finissait toujours par une belle soirée.
La duchesse de Fitz-James et la princesse de Tarente ont été aussi pendant quelques temps favorites de la reine. Il y eut même un temps où elles furent mieux traitées que la comtesse de Polignac.
On aurait pu en conclure que la reine n'était plus si ardente en amitié.
Mais ici le lien avait trop passé en habitude, il avait enlacé les deux coeurs trop étroitement pour que de petites interruptions pussent le relâcher et amener le triomphe des ennemis des Polignac.
Cette constance faisait honneur à toutes les deux, autant à la reine qu'à son amie.
Mémoires pour servir à l'histoire des moeurs de la fin du XVIIIè siécle, par le comte Alexandre de Tilly.
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