Mon frère, après le dîner, voulut me mener au spectacle, mais mon cousin me réclama pour madame de Chastenay, et j'allai avec lui chez ma destinée.
Je vis une belle femme qui n'était plus de la première jeunesse, mais qui pouvait encore inspirer un attachement. Elle me reçut bien, tâcha de me mettre à l'aise, me questionna sur ma province et sur mon régiment. Je fus gauche et embarrassé ; je faisais des signes à mon cousin pour abréger la visite. Mais lui, sans me regarder, ne tarissait point sur mes mérites, affirmant que j'avais fait des vers dans le sein de ma mère, et m'invitant à célébrer madame de Chastenay.
Elle me débarrassa de cette situation pénible, me demanda pardon d'être obligée de sortir, et m'invita à revenir la voir le lendemain matin, avec un son de voix si doux que je promis involontairement d'obéir.
Je revins le lendemain seul chez elle : je la trouvai couchée dans une chambre élégamment arrangée. Elle me dit qu'elle était un peu souffrante, et qu'elle avait la mauvaise habitude de se lever tard. Je me trouvais pour la première fois au bord du lit d'une femme qui n'était ni ma mère ni ma soeur. Elle avait remarqué la veille ma timidité elle la vainquit au point que j'osai m'exprimer avec une sorte d'abandon.
J'ai oublié ce que je lui dis ; mais il me semble que je vois encore son air étonné.
Elle me tendit un bras demi-nu et la plus belle main du monde en me disant avec un sourire : " Nous vous apprivoiserons. "
Je ne baisai pas même cette belle main. je me retirai tout troublé. Je partis le lendemain pour Cambrai.
Qui était cette dame de Chastenay ?
Je n'en sais rien : elle a passé comme une ombre charmante dans ma vie.
Mémoires d'outre tombe, du vicomte de Chateaubriand
Je vis une belle femme qui n'était plus de la première jeunesse, mais qui pouvait encore inspirer un attachement. Elle me reçut bien, tâcha de me mettre à l'aise, me questionna sur ma province et sur mon régiment. Je fus gauche et embarrassé ; je faisais des signes à mon cousin pour abréger la visite. Mais lui, sans me regarder, ne tarissait point sur mes mérites, affirmant que j'avais fait des vers dans le sein de ma mère, et m'invitant à célébrer madame de Chastenay.
Elle me débarrassa de cette situation pénible, me demanda pardon d'être obligée de sortir, et m'invita à revenir la voir le lendemain matin, avec un son de voix si doux que je promis involontairement d'obéir.
Je revins le lendemain seul chez elle : je la trouvai couchée dans une chambre élégamment arrangée. Elle me dit qu'elle était un peu souffrante, et qu'elle avait la mauvaise habitude de se lever tard. Je me trouvais pour la première fois au bord du lit d'une femme qui n'était ni ma mère ni ma soeur. Elle avait remarqué la veille ma timidité elle la vainquit au point que j'osai m'exprimer avec une sorte d'abandon.
J'ai oublié ce que je lui dis ; mais il me semble que je vois encore son air étonné.
Elle me tendit un bras demi-nu et la plus belle main du monde en me disant avec un sourire : " Nous vous apprivoiserons. "
Je ne baisai pas même cette belle main. je me retirai tout troublé. Je partis le lendemain pour Cambrai.
Qui était cette dame de Chastenay ?
Je n'en sais rien : elle a passé comme une ombre charmante dans ma vie.
Mémoires d'outre tombe, du vicomte de Chateaubriand
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